Sans provoquer de réactions significatives dans les médias, le
tribunal administratif de Caen a confirmé le 5 octobre l'exclusion de deux jeunes filles turques du collège Jean-Monnet de Flers. Motif invoqué: manque d'assiduité aux cours de gym. Motif réel: port du foulard islamique. Les enseignants du collège s'étaient d'abord mis en grève pour protester contre l'inscription des jeunes filles. Celles-ci avaient ensuite été renvoyées du cours de gym où elles se présentaient. Marquées absentes, elles ont été exclues pour non-assiduité malgré le fait qu'elles avaient accepté par compromis de porter un bonnet de sport ou une cagoule en gym et en physique (Libération du 11 février). La manoeuvre était tortueuse. Le tribunal a estimé qu'elle avait été faite «dans les règles».
Cette décision, fondée sur un artifice de procédure, est discriminatoire et injuste. Nul n'a été exclu d'un établissement scolaire pour port de la kippa ou de la croix. La liberté religieuse passe aussi par des signes manifestant les convictions profondes des croyants. L'invocation de la laïcité en la matière n'est au mieux qu'un prétexte. Mettre ces jeunes filles à l'écart de l'enseignement public (et les priver des contacts et de relations qui ne peuvent que contribuer à ouvrir leur horizon), c'est pratiquer un communautarisme d'Etat qui refuse la pluralité des convictions et des modes de vie. Le racisme antimusulman suit souvent de près. Il est déplorable qu'une partie d'un corps enseignant déboussolé s'ac