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Libération
TRIBUNE

A propos des «trains» scientifiques qui arrivent à l'heure. La science doit-elle rassurer?

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par Mark WIESNER
publié le 26 octobre 1999 à 1h21

Comme scientifique américain spécialisé en environnement, le

désintérêt relatif des chercheurs français pour les questions de santé et d'environnement m'a toujours frappé. Il semble que les choses soient en train de changer, à considérer la frénésie de colloques, de conférences et de débats politiques qui embrase la France depuis quelques semaines. Je constate pourtant, avec une certaine curiosité, que la presse reproche à mes confrères français leur attitude trop systématiquement rassurante envers le public.

Il est vrai que la thèse des académies de médecine et des sciences (rapportée dans Libération du 19 octobre) est maladroite. Elles regrettent de voir le public s'inquiéter de manière disproportionnée des risques dus aux nouvelles technologies et, là, elles n'ont pas tort: quand un avion s'écrase au sol, le public s'émeut davantage que pour un accident de voiture; pourtant, en terme de probabilité d'accident, l'avion est plus sûr. Mais les scientifiques cités se trompent en attribuant aux journaux, qui pratiqueraient la «désinformation», la responsabilité de cette panique: deux trains accidentés en Angleterre sont plus intéressants pour la presse que l'ensemble des morts en Europe en une journée; en l'occurrence, il est normal que les journaux écrivent sur l'accident ferroviaire. Mais l'émoi populaire ne doit rien aux journaux, et on ne peut pas parler de désinformation. C'est la même chose pour les plantes génétiquement modifiées ou le scandale de la dioxine dans l'alime