Coup sur coup, l'Autriche puis la Suisse viennent de voter
massivement pour une droite dure qui fait singulièrement penser à l'extrême droite. Dimanche 3 octobre, le parti de Jörg Haider obtenait 27% des suffrages aux législatives autrichiennes et pouvait ainsi prétendre entrer au gouvernement. Le 25 octobre, rebelote: avec 23%, la formation de Christoph Blocher devenait le premier parti suisse. Le spectre du nationalisme au pouvoir s'avancerait donc dans ces charmants pays germaniques, mais dont le sens de l'identité ne semble décidément pas se borner à un aimable goût du folklore. Germaniques, disais-je? Si la Suisse regroupe certes trois entités culturelles, l'UDC ne réalise-t-elle pas, et de loin, ses plus beaux scores en Suisse alémanique, avec une moyenne de plus de 25%, contre moins de 10% dans le reste de la confédération? Et par ailleurs, à nous Français, ces contrées ne nous font-elles pas penser, si prospères en leurs paysages amènes et leurs impeccables villages, mais en même temps si détestables de par leurs penchants xénophobes, à notre belle région alsacienne?
Délaissant volontairement le cadre national adopté par la plupart des analyses électorales, il paraît opportun de changer d'éclairage et d'apprécier la cohérence sociologique qui se fait jour si l'on oublie les frontières et se concentre sur l'aire germanique. Considérons la culpabilisation subie par l'Allemagne à l'issue de la Seconde Guerre mondiale, la victimisation de l'Autriche et de l'Alsace, la neut