Deux journalistes-écrivains se sont attaqués à un siècle d'histoires
du contre-espionnage policier français: 700 pages émaillées de renseignements inédits, qui privilégient des histoires méconnues par rapport à certaines affaires expédiées peut-être un peu vite pour le lecteur curieux. Cet ouvrage massif oppose néanmoins de façon intéressante les coups tordus et les missions utiles d'une police du renseignement que Roger Faligot et Pascal Krop ont démasquée dans ses moindres secrets. Recrutements, manipulations, retournements, les auteurs exposent les méthodes du contre-espionnage qui, sous Pompidou et Giscard, tournent à la police politique. En 1971, pour démanteler le Front de libération de la Bretagne (FLB) ordre du ministre de l'Intérieur, Raymond Marcellin , la sécurité du territoire (ST) de Rennes, qui a un agent infiltré chez les autonomistes, met la main à la pâte (explosif, détonateur) dans l'attentat contre la villa de Francis Bouygues, imputé évidemment au FLB. Puis la ST monte un FLB bidon, «un attrape-mouches» pour attirer les activistes du vrai FLB qui, piégés par la manipulation, sont condamnés par la Cour de sûreté de l'Etat.
Entre les micros du Canard enchaîné posés en 1973 par des «plombiers» de la DST et l'emprisonnement en 1980 sous un prétexte fallacieux du détenteur des documents de Bokassa sur les diamants offerts à Giscard, se glisse un ministre de l'Intérieur qui, en 1974, «envisage de dissoudre la DST». Il s'agit de Jacques Chirac, qui n'a gu