La droite parlementaire atteint aujourd'hui le point d'extrême
décomposition que lui prédisait jadis Raymond Barre. Jamais, depuis le début de la Ve République, elle n'est apparue aussi morcelée, découragée, en panne d'idées, de projets et de stratégies. La grande querelle entre souverainistes et européens, appelée à jouer un rôle croissant dans les mois qui viennent, la déchire plus profondément qu'elle ne divise la gauche. La droite française est gravement malade. Ce serait cependant une lourde erreur que de l'enterrer. 1. Depuis 1981, les Français font preuve d'une instabilité politique quasi pathologique. Aucune majorité parlementaire sortante n'a été reconduite, pas une seule en dix-huit ans: 1981, 1986, 1988, 1993, 1997, le vote sanction s'est appliqué avec une régularité de moissonneuse-batteuse.
2. L'usure du pouvoir plane au-dessus de la gauche plurielle. En 2002, Jacques Chirac aura certes derrière lui un septennat entier mais il n'aura gouverné que deux ans. Lionel Jospin, lui, aura occupé cinq années de rang l'hôtel Matignon, performance que Raymond Barre (1976-1981) avait accomplie pour la première fois. Populariser des objectifs nouveaux et séduisants après un quinquennat au pouvoir n'a rien d'impossible mais exige quelque imagination.
3. L'amélioration incontestable des perspectives économiques, donc de l'emploi, ajoutée aux effets éventuels d'une politique volontariste, ranime la confiance mais réveille l'impatience. Rien n'est plus périlleux que la gestion d