La modification annuelle des grilles des différentes radios est
normalement pour les auditeurs l'occasion de découvertes rafraîchissantes. On ne peut donc laisser sans commentaire l'ajout de la marque du pluriel à France Musiques(s). L'intérêt du singulier est qu'il réunit les musiciens bien au-delà des genres et des époques.
Ce que la nouvelle hiérarchie de cette institution veut nous présenter comme un pluralisme salutaire nous démontre en vérité que l'étiquetage des musiques s'effectue désormais suivant un système de diffusion commerciale de l'art (les bacs de la Fnac"). Les musiques de création n'y ont pas leur place, ou dans un tout petit coin entre la relaxation et les bruitages. C'est bien connu: on n'aime écouter que ce que l'on connaît déjà.
Ce bouleversement est, paraît-il, dû à une chute de l'Audimat à laquelle je confesse avoir contribué. Auditeur passionné de France Musique à l'époque où l'on pouvait y apprécier des musiques de tous horizons et parfois des plus reculés je me suis réfugié depuis quelques années sur France Culture, lassé par les commentaires sans inspiration tirés de l'encyclopédie, et par les sonates de Schumann sur fond de petits oiseaux qui viennent vous «rafraîchir les oreilles» après un concert de musique contemporaine.
Malheureusement, France Culture se prépare à devenir France-Cultures: on y morcelle déjà le temps d'antenne. Or, plus on segmente, plus on rend superficiel. L'homme des médias prend le pas sur l'homme de goût: nous voilà pro