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Critique

Montesquieu, ou le Juppé rêvé.

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Livre. L’ancien Premier ministre aimerait tellement ressembler au philosophe qu’il décrit: gai, sympathique, libertin, modéré, aristocrate et surtout « populaire » .
publié le 12 novembre 1999 à 1h55

On ne parle jamais que de soi. C’est particulièrement vrai des hommes politiques auteurs de biographies. Après le Napoléon III de Philippe Séguin, le Henri IV de François Bayrou ou encore le François Ier de Jack Lang, voici le Montesquieu d’Alain Juppé. Le maire de Bordeaux nous prévient d’emblée qu’il n’a pas eu l’ambition de livrer un «ouvrage d’érudition». L’imprécision de nombreuses sources citées le confirme, quoique la lourdeur de quelques passages risque d’impressionner certains lecteurs.

Peu importe. Ce livre nous en apprend plus sur Juppé que sur Montesquieu. Il semble d'ailleurs s'inscrire dans une opération de redressement d'image incluant la publication récente, par son épouse, d'un petit livre sur la vie bordelaise destiné à un public moins porté sur les choses de l'esprit. On résistera à la tentation de lire avec malignité certains passages de l'oeuvre de l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac. «Malheureux dans ses choix, aimant les sots, souffrant les talents, craignant l'esprit, sérieux dans ses amours et dans son dernier attachement, faible à faire pitié»: toute ressemblance entre ce portrait cruel de Louis XIV brossé par Saint-Simon et un personnage contemporain est indépendante de la volonté de l'auteur.

Plus sérieusement, Juppé n'a pas pris pour modèle Montesquieu, un esprit obsédé par «le refus du provincialisme», seulement en raison des attaches bordelaises de l'auteur des Lettres persanes. La fascination classique du biographe pour son héros about