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TRIBUNE

La dérégulation de la guerre et du travail.

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La chute du mur de Berlin a engendré des bouleversements dans les deux fondements de l'identité des nations: la guerre et le travail.
publié le 13 novembre 1999 à 1h44
(mis à jour le 13 novembre 1999 à 1h44)

Quand on parle de la chute du mur de Berlin et de ses conséquences, on pense généralement à ce que cet événement majeur a déclenché sur le plan géopolitique. Viennent alors spontanément à l'esprit la montée des nationalismes ou l'hégémonie sans partage des Etats-Unis sur la scène mondiale. On s'est en revanche beaucoup moins intéressé aux conséquences culturelles de cet événement. Or, le trait marquant de la fin de la guerre froide est ce qu'il convient d'appeler la double dérégulation: celle de la guerre et celle du travail. Une bonne partie de ce que l'on appelle la crise d'identité des nations découle de cette double dérégulation.

Pourquoi le travail et la guerre? Parce que le travail comme la guerre ont été au XXe siècle les principaux pourvoyeurs d'identité des sociétés européennes. La guerre en tant que source «d'identité externe», le travail en tant qu'identité interne grâce à l'intégration du salariat au monde capitaliste.

Naturellement, ni la guerre ni le travail ne vont disparaître de l'horizon des sociétés européennes. Mais le contenu identitaire et intégrateur de ces deux facteurs est amené à changer de sens.

Commençons par la guerre. Le fait majeur de ces dix dernières années réside dans le déclin prononcé de la guerre entre Etats au profit des guerres ethniques ou religieuses qui se déroulent à l'intérieur des nations et non entre les nations. Au demeurant, quand on regarde les conditions dans lesquelles l'URSS s'est effondrée, on constatera qu'elles ont donné lie