Lorsque, l'hiver dernier, Jacqueline de Romilly et Jean-Pierre
Vernant (1) dénoncèrent le danger de disparition du grec de l'enseignement secondaire français, ce qui était redouté était un décret en préparation fixant à quinze le nombre minimum d'élèves qui devaient avoir manifesté leur intention, en 4e, de faire du grec en 3e. Ils soulignaient qu'il est pratiquement impossible que, dans un collège français de taille moyenne, un nombre aussi important d'élèves exprime ce choix, l'immense majorité des cours de grec se faisant, depuis des années, avec quatre, cinq ou six élèves. Un seuil de 10 élèves eût mis à genoux l'enseignement du grec en secondaire. Le seuil de 15 le supprime.
Sans que le décret soit aujourd'hui officiellement paru, son contenu passe subrepticement en ce moment dans les faits. Dans certaines académies (Lille, Strasbourg"), les recteurs le font appliquer; ailleurs ce sont les inspecteurs d'académie, y compris (c'est un comble) des inspecteurs de lettres classiques, qui, sentant le vent tourner, le devancent. A l'exception des plus grands établissements, l'immense majorité des classes de grec de premier niveau sont menacées.
Il n'y a dès lors aucune prophétie dans l'assertion suivante: l'enseignement du grec commence à disparaître du collège et en quatre ans (de la 3e à la terminale), partout où les autorités scolaires l'auront décidé, il sera expulsé de l'enseignement secondaire. Supprimer le grec de l'enseignement secondaire, c'est couper à l'hellénisme fran