En terminant la rédaction des Rois de France, enfants chéris de la
République, je ne me doutais pas que l'histoire me donnerait à la fois immédiatement tort et raison. Raison parce qu'il y a bien là un enjeu, plus important d'ailleurs qu'on ne pouvait le penser. Tort, parce qu'on pouvait croire que le problème était en voie d'être résolu d'une façon satisfaisante.
A partir de l'analyse de très nombreuses gravures des livres d'histoire de l'école communale datant de l'entre-deux-guerres jusqu'à la fin des années 60, ce livre montre en effet qu'un rapport foncièrement positif au pouvoir monarchique (au pouvoir personnel) a été développé au sein même de l'école républicaine. Pour des raisons complexes, ces manuels très imagés, ces contes à dormir debout et à vivre à genoux, nous ont préparés, de fait, à être des citoyens-sujets de la Ve République, de la «monarchie républicaine» pour reprendre l'expression du constitutionnaliste Maurice Duverger.
Cela semblait pourtant faire partie d'un passé révolu. Mais le ministre François Bayrou et le directeur des écoles Marcel Duhamel, les deux signataires et les deux auteurs effectifs du dernier programme d'histoire à l'école élémentaire, ont renouvelé le genre en 1995. Ils ont dressé une liste de vingt-deux personnages considérés comme «constitutifs d'une culture et d'une conscience nationales». Compte tenu de l'importance décisive accordée aux personnages dans ces enseignements de l'histoire, la composition de cette liste s'avère primordi