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Libération
TRIBUNE

L'emploi qualifié aurait pu augmenter grâce à la réduction du temps de travail. Mais ce sont les postes peu qualifiés et peu payés qui vont croître avec la loi. Le prolétaire, le cadre et les 35 heures.

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publié le 23 novembre 1999 à 1h35

La loi sur les 35 heures, dans sa rédaction actuelle, limite l'accès

au processus de réduction du temps de travail d'une grande partie de ce qu'on appelle en France, souvent abusivement, les «cadres». Ce sera en particulier l'effet du dispositif dit de «forfait en jours» qu'elle crée, autorisant à renoncer au décompte horaire du temps de travail pour ces catégories de personnel, sans pour autant leur accorder les congés supplémentaires correspondant à 10% du temps de travail actuel. Le mécanisme de financement retenu renforce cette tendance: l'aide forfaitaire de 4 000 francs par salarié, qui se substitue à l'aide proportionnelle aux salaires accordée par la loi dite Robien, constitue une puissante désincitation à la réduction effective du temps de travail des cadres.

Nous risquons, du coup, de voir demain l'écart se creuser encore entre un prolétariat peu payé, qui travaillera certes moins longtemps, mais n'aura de toutes façons guère les moyens financiers de profiter de son temps libre, et une élite salariée, relativement large cependant, toujours surmenée, mais recevant une rémunération suffisante pour s'acheter les services du prolétariat. Les efforts réalisés parallèlement pour abaisser le coût du travail peu qualifié et les prélèvements obligatoires se traduisent déjà, et se traduiront sans doute encore plus demain, par une dégradation des services apportés au prolétariat dans le cadre de la protection sociale et de l'action de l'Etat. L'élite salariée cherche en effet d