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Libération
TRIBUNE

Sans le plan de développement, retiré sous la pression des salariés, l'Agence France-Presse risque, ni plus ni moins, de disparaître. L'AFP dans un drôle d'état.

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publié le 29 novembre 1999 à 1h28

Etrange situation à l'Agence France-Presse: les syndicats viennent

d'obtenir le retrait d'un plan de développement massivement créateur d'emplois. Une situation grave pour l'AFP car elle cristallise tous les antagonismes de son personnel, les aberrations de son statut et des questions de fond sur la mutation profonde qui est nécessaire.

En schématisant, l'AFP serait comme une usine en partie gérée par son personnel et dont les clients décideraient des articles qui doivent figurer au catalogue et de leur prix. Les produits étant bons, tout irait bien si la concurrence et les nouvelles demandes des clients ne venaient perturber ce confortable équilibre.

Le gros client de l'agence, c'est l'Etat. Il compte pour 43% du chiffre d'affaires, contre 29% pour les clients classiques français (journaux, radios, télévisions) et 28% pour les clients étrangers. Au conseil d'administration de l'agence siègent donc des représentants du gouvernement et de quelques organes d'information exclusivement français. Ils fixent ensemble les tarifs et la stratégie de l'agence. D'où une première aberration: tout développement, par exemple dans les nouveaux médias ou à l'international, qui n'irait pas directement dans l'intérêt relativement restreint des membres du conseil a peu de chances de voir le jour.

Ce verrou doit sauter pour deux raisons. Le premier est l'Union européenne. Selon les termes de l'article 92 du traité de Rome sur la concurrence, cette manne gouvernementale pourrait bien se voir assimi