Pourquoi peut-on aujourd'hui poser la question du droit de vote des
étrangers aux élections locales sans automatiquement réveiller les fantasmes d'invasion et les réflexes d'exclusion? Répondre à cette question simple, c'est, après vingt ans de démagogie en la matière, prendre la mesure du principal acquis obtenu en trois ans par le gouvernement de Lionel Jospin et spécialement par Jean-Pierre Chevènement: avoir réussi à sortir l'immigration du conflit politique partisan. Pour atteindre cet objectif, il fallait désamorcer le débat par une politique équilibrée de gestion des flux migratoires, stabiliser les immigrés légalement installés, traiter l'intégration en la replaçant dans la tradition républicaine des droits et devoirs bref, expliquer patiemment aux Français et aux immigrés que ce qui est en jeu, loin des haines et des passions du jour, c'est la formation de la nation française elle-même.
On peut aussi légitimement poser cette question du droit de vote pour une autre raison. Qui ne voit, en effet, que l'application du traité de Maastricht en matière de statut et de circulation des personnes introduit une discrimination intolérable entre les nouveaux citoyens communautaires et des populations étrangères installées en France depuis des décennies? Comment peut-on justifier que ces populations, qui votent déjà aux élections prud'homales, dans les entreprises, les conseils d'administration des caisses de Sécurité sociale et des HLM, ainsi que dans les écoles, soient exclu