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TRIBUNE

Plutôt qu'une allocation universelle, coûteuse et peu concluante, il faudrait élargir le RMI à toute une population précaire. Et lui donner une dimension plus incitative. Le RMI doit passer à la vitesse supérieure.

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par Roger GODINO
publié le 7 décembre 1999 à 2h07

Depuis la fin des Trente Glorieuses, le scandale de l'inégalité et

de la pauvreté est de retour au sein des nations les plus riches. Dans un monde chaque jour plus riche en moyenne que la veille, il y a chaque jour plus de pauvres. En France, en dépit de nos politiques sociales qui tempèrent le phénomène, d'après un récent rapport officiel 3,3 millions de ménages représentant 6 millions de personnes vivent avec moins de 3 500 francs par mois, et le nombre de ces ménages a augmenté de 43% en vingt-cinq ans.

La cause profonde de ce phénomène inégalitaire n'est ni le commerce international, ni la mondialisation des échanges, qu'il faut éviter de transformer en boucs émissaires, c'est tout simplement le progrès technique. Un processus généralisé de professionnalisation croissante rejette ceux qui ne peuvent pas s'y adapter. Le marché a pénétré tous les échelons de l'organisation du travail. Chaque unité de production devient un sous-ensemble homogène comme par un jeu de sous-traitance; ainsi, le progrès technique opère un déclassement impitoyable des plus faibles.

Avec le développement de la pauvreté, il nous a fallu, avec Michel Rocard, inventer le revenu minimum d'insertion (RMI), que personne n'oserait plus supprimer mais qui a l'inconvénient de mettre ses allocataires dans un piège à pauvreté dont ils ne sont pas incités à sortir. Et rien n'existe pour ces millions de salariés qui sont seuls rémunérés dans une famille et qui ne détiennent qu'un emploi à mi-temps ou à temps part