Le titre est nul, le livre passionnant. L'auteur est journaliste au
Figaro. L'ouvrage est une critique féroce de l'establishment. Apparemment mince en est le sujet: Alain Minc. Autrement consistant est son vrai objet: les réseaux du pouvoir français. Il serait dommage et injuste de s'en tenir aux défauts caricaturaux du héros de ce livre. Stéphane Marchand n'est assurément pas tendre pour Alain Minc. «C'est en général à la suite d'un échec professionnel qu'on devient consultant», note-t-il pour éclairer le parcours du fondateur d'A.M. Conseil. Il compare cruellement «l'homme qui murmurait aux patrons» à un «chat castré». Son enquête fouillée, et menée avec le concours du principal intéressé, dévoile les secrets de ce «Renaissance Man», selon l'ironique expression des Anglo-Saxons. Exaspéré par la prétention du «manipulateur de symboles» qu'est Minc, un expert new-yorkais lui lança un jour: «Vous ne savez pas le faire? Alors, enseignez-le!»
Notre habile homme a choisi une activité plus rémunératrice. Sachant que «le grand patron hexagonal est un monarque» persuadé qu'il «ne sera jamais respecté pour son seul rôle de chef d'entreprise», «Minc le gourou le coache, Minc le penseur le briefe». Bien entendu, «le soir, Minc le mondain». Ce consultant polyvalent travaille au forfait. C'est le prix de sa liberté, dit-il. Comptez en moyenne un demi-million de francs par an, primes de succès exclues. Les clients ne sont pas nombreux (seulement 17), mais ils rapportent beaucoup (33 millio