Bien malgré lui, le petit Elián est devenu l'objet d'un marchandage
ridicule et honteux. Elián González est ce petit garçon rescapé du naufrage d'une embarcation pleine de fugitifs cubains qui tentaient d'atteindre les côtes de Floride contre vents et marées. Il a vu se noyer sous ses yeux sa mère, son beau-père et une dizaine d'autres occupants de l'embarcation.
Ce n'est évidemment pas la première fois qu'un naufrage de ce genre se produit dans le détroit de la Floride. Les requins savent reconnaître le sang des Cubains qui fuient ce qui demeure, pour certains, le «paradis» castriste. Les balseros doivent braver depuis fort longtemps les gardes-côtes cubains, les courants marins et le soleil qui rend fou. Mais, cette fois-ci, l'enfant sauvé des eaux a acquis valeur d'exemple.
Aussi bien le gouvernement que les principales organisations de l'exil tentent de s'approprier le symbole. L'un déclenche des mobilisations de masse montées de toutes pièces. Les autres manipulent l'enfant au point de lui faire dire, devant les caméras de télévision, qu'il préfère rester à Miami. Quant à son père, demeuré à Cuba, il réclame son retour dans l'île.
Qui peut mesurer la douleur de ce père, même s'il agit en fonction des intérêts du régime castriste? Qui peut mesurer la douleur des autres membres de sa famille, exilés aux Etats-Unis? Qui peut, surtout, mesurer la douleur de cet enfant, traumatisé pour le restant de ses jours?
Car, au-delà des marchandages et des considérations politiques, il s