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Libération

Politiques. La Turquie menace l'Europe.

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publié le 17 décembre 1999 à 2h25

AHelsinki, l'Europe-puissance a progressé avec la décision de mettre

sur pied une force de réaction rapide de la taille d'un corps d'armée. Elle a régressé avec le choix historique d'admettre la Turquie parmi les nations officiellement candidates à l'entrée au sein de l'Union européenne. La question des frontières de l'Europe a ainsi été tranchée par les chefs d'Etat et de gouvernement des Quinze, sans véritable débat préalable, sans consultation des citoyens d'aucune sorte, bref sans discussion démocratique. Une option essentielle pour la lente construction de l'Europe se trouve donc acquise par une méthode typiquement oligarchique. C'est peut-être pourquoi elle apparaît aussi lourdement erronée.

A partir du moment où la Turquie reçoit le rang de nation juridiquement candidate, son entrée effective au sein de l'Union n'est plus qu'une question de calendrier. Il y aura naturellement de longues négociations, une période de transition précautionneuse, un débat et un vote obligatoires au Parlement de Strasbourg, une laborieuse procédure de ratification. Il n'empêche: la vocation pleinement européenne de la Turquie a été reconnue par les quinze gouvernements, ce qui constitue à la fois un contresens historique et un précédent calamiteux. La Turquie est certes une grande nation, héritière du puissant Empire ottoman. Elle est le plus laïcisé des Etats musulmans. Sa position militaire est cruciale, son économie se modernise rapidement.

Elle présente, en revanche, deux grands défauts