A travers les 62 pages de la Faim dans le monde expliquée à mon
fils, Jean Ziegler s'emploie avec simplicité à faire entendre que la faim n'est pas une fatalité, mais essentiellement le produit «des inégalités» et «du capitalisme sauvage qu'il faut civiliser». S'appuyant essentiellement sur les chiffres des agences spécialisées de l'ONU, il rappelle le coût terrible de la faim: plus de 30 millions de personnes mortes en 1998 et plus de 828 millions d'êtres ravagés par la sous-nutrition, dont beaucoup deviennent victimes de lésions irréversibles. Jean Ziegler souligne le fait que 7 millions de personnes, souvent des enfants, perdent la vue faute d'une alimentation suffisante ou par suite de maladies liées au sous-développement, bien que la directrice de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Gore Brudtland, estime que «80% des atteintes à la vue seraient parfaitement évitables».
Face à cet ordre inique du monde, Jean Ziegler s'en prend à tous ceux gouvernements et multinationales qui utilisent «l'arme de la faim», ainsi qu'aux dictatures qui affament leur peuple, affirmant ainsi que «les nababs du régime nord-coréen prospèrent dans leurs palais», alors que «l'armée et leur police secrète prélèvent entre un tiers et la moitié des médicaments, vitamines et protéines spéciales pour les mourants de la faim», donnés par la communauté internationale. Le sociologue genevois s'en prend aussi à la politique américaine qui, accuse-t-il, à travers le jeu des sanctions contre Bagd