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TRIBUNE

Homophobie, l'affaire de tous.

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Le débat sur le Pacs a ravivé l'intolérance dont sont victimes non seulement les homosexuels mais aussi tous ceux qui n'adhèrent pas à l'ordre établi.
publié le 22 décembre 1999 à 2h21
(mis à jour le 22 décembre 1999 à 2h21)

Le récent débat autour du pacte civil de solidarité (Pacs) a éveillé les vieux démons de l'intolérance, la violence et le mépris d'autrui. Au sein même de l'Assemblée nationale, la droite, avec son cortège d'insultes, n'a pas cessé d'offenser les homosexuel(le)s. La réaction pusillanime et très tardive de la gauche ainsi que son engagement extrêmement difficile à démarrer ont été également ressentis comme une forme de dédain vis-à-vis des gays et des lesbiennes. Qu'il s'agisse de l'action des uns ou de l'omission des autres, les cent vingt heures durant lesquelles nous avons assisté à la discussion parlementaire sur la reconnaissance timide des unions de même sexe resteront dans nos mémoires comme la démonstration de l'homophobie dont la France souffre encore.

Mais qu'est-ce qu'au juste cette forme de haine, celle que nous semblons découvrir à l'aube du troisième millénaire dans la patrie des droits de l'homme? De même que la xénophobie, le racisme ou l'antisémitisme, l'homophobie est une manifestation du pouvoir qui consiste à désigner l'autre comme contraire, inférieur ou anormal. Sa différence irréductible le place ailleurs, hors de l'univers commun des humains. Crime abominable, amour honteux, goût dépravé, moeurs infâmes, passion d'ignominie, péché contre nature, vice de Sodome, voici autant de désignations qui, pendant des siècles, ont servi à qualifier les relations sexuelles et affectives entre personnes de même sexe. Enfermé dans le rôle du marginal ou de l'excentriq