Il y avait autrefois, en France, les 200 familles; il y eut ensuite,
au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale le «club de l'Etat» (les énarques et polytechniciens"); il y a désormais les 200 «zinzins». C'est ainsi qu'Erik Izraelewicz résume l'évolution du pouvoir économique dans son dernier essai, le Capitalisme zinzin. Qui sont donc ces zinzins là? Seul le lecteur averti aura reconnu le petit nom des «investisseurs institutionnels» (compagnies d'assurances, les fonds de pension") qui se sont développés grâce au vieillissement des Occidentaux et la prospérité américaine. C'est ce groupe de firmes, dominé par des anglo-saxons comme Fidelity, Vanguard et autre Calpers, qui dirige le monde et le façonne même. Car ces zinzins-là n'hésitent pas à imposer leur propre modèle économique. Face à eux, l'Europe et son «modèle rhénan», sorte de capitalisme tempéré, est en train de perdre la bataille.
C'est cette prise de pouvoir des zinzins, ses causes et ses conséquences, qu'Erik Izraelewicz, journaliste au Monde, raconte, pas à pas, d'anecdote en anecdote. Il dresse au fil du récit un portrait extrêmement pédagogique du capitalisme actuel, avec ses héros et ses personnages et ses hauts faits. Puis le livre passe insensiblement du descriptif au normatif, et Izraelewicz tente d'amener doucement le lecteur vers sa conviction profonde: ce «capitalisme zinzin» comporte des aspects positifs qui devraient faire réfléchir la France. Certes, dans le nouveau système, les PDG ne peuvent plus d