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Libération

Madame la garde des Sceaux, libérez Karim Khalki

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publié le 25 décembre 1999 à 2h18

Madame,

Habituée comme vous l'êtes à subir les invectives et l'arrogance qui font tout le pittoresque de la vie politique, cette humble supplique en faveur d'un homme qui meurt ne vous surprendra pas. Vous n'ignorez pas que Karim Khalki, détenu depuis 1985, a repris le 10 octobre une grève de la faim qu'il avait entamée en mars dernier, qu'il est hospitalisé à Fresnes depuis un mois, qu'il a déjà perdu 25 kilos et paraît très décidé à mener son action jusqu'à une issue fatale. Il joue ainsi sa vie afin d'obtenir sa libération conditionnelle et une expulsion vers le Maroc, où il veut retrouver son père, gravement malade.

Décembre 1985: Georges Courtois comparaît devant la cour d'assises de Nantes lorsque Karim Khalki tente de l'en faire évader. Après 36 heures de prise d'otages surmédiatisée, la promesse du préfet Broussard d'expulser Khalki en urgence absolue «vers le pays de son choix» permet leur reddition sans effusion de sang. Le ministre de l'Intérieur ne fera jamais exécuter cet arrêté d'expulsion, pourtant signé de lui: «Le Marocain a été victime d'un coup fourré, d'une promesse non tenue» (Broussard, Mémoires). Courtois a été libéré; Khalki, déjà condamné à vingt années de réclusion criminelle, purge une peine de 30 mois supplémentaires pour «connivence à évasion» en 1992, accusation qu'il a toujours niée. Le président du tribunal avait motivé sa sévérité en rappelant l'«image insoutenable» des «magistrats menottés sous le regard des caméras» lors de l'affaire de Nant