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Libération
TRIBUNE

Souvenons-nous de Grozny en 1996: la paix, l'espoir""Cette guerre devait reprendre

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par Marine LEFEBVRE-BURATTI
publié le 27 décembre 1999 à 2h17

Après deux ans de guerre et la défaite de l'armée russe devant la

détermination des Tchétchènes, un accord de paix avait été signé en août 1996. Aux termes de cet accord, la question de l'indépendance était reportée à 2002, pour être soumise à référendum. Je n'ai pas oublié cette fête donnée par une famille de Grozny qui avait invité tout le voisinage à venir pendre la crémaillère de leur maison après l'achèvement des travaux de «reconstruction». C'était la première fête depuis l'avant-guerre; une fête où à chacun manquaient une ou plusieurs personnes chères, disparues dans la guerre. Dans une atmosphère d'espoir, malgré tout.

«Les Russes n'ont pas de parole ni d'honneur, on ne leur fait pas confiance. On peut craindre le pire», disait alors Chamil Bassaïev. Il ajoutait: «Les Russes sont bien capables d'imiter la version américaine en Irak, ne pas se battre, mais bombarder"»

Bassaïev, pourtant, adhérait au projet d'un Etat doté d'un gouvernement et d'un Président (élu démocratiquement le 27 janvier 1997). Un gouvernement s'organisa, mais seule une infime partie des aides à la reconstruction promises par Moscou est arrivée. C'est alors que la criminalisation de l'économie s'est accentuée, que les armes ont pullulé, que le Président a été contesté. Depuis trois ans, le «business» des enlèvements, dont les responsabilités restent floues, a livré la Tchétchénie à un huis clos fatal. Les Tchétchènes ne se battent plus pour leur indépendance. Les «terroristes» s'efforcent de défendre