Qui n'a vu la publicité? Dans une salle du musée Picasso reconstituée en studio car le tournage n'avait pas été autorisé , un jeune visiteur s'approche d'une toile figurant une baigneuse et veut en caresser le sein. Un gardien vieux jeu, vêtu de noir, galonné d'or, s'approche et l'en empêche avec brutalité. Déçu, le jeune homme est invité à acquérir un monospace Xsara, avec lequel, on imagine, il pourra se livrer à ses fantaisies lubriques.
On pourrait rire de cette pantalonnade. On peut aussi s'en indigner. Indigné, le personnel du musée Picasso, ridiculisé sous les traits d'un gardien caricatural. Indignés, les conservateurs qui, depuis l'ouverture du musée, en 1985, n'ont entretenu l'image et conforté la cote d'un artiste que pour les voir aujourd'hui vilipendés. Indigné, le directeur qui sait ce que coûte à l'Etat le fonctionnement de son institution et ce que rapporte à des héritiers l'exploitation des droits attachés à l'oeuvre, y compris les royalties pour user du nom «Picasso» sur la bannière apposée à l'entrée. Indignés, demain, les 600 000 visiteurs annuels qui ne savaient pas que, en se rendant au musée Picasso, ils étaient invités au Salon de l'auto.
Laissons cela. Si le ministre de tutelle semble désarmé face à la protection du droit qu'on ose appeler «moral» des héritiers, nous ne serons pas plus royalistes que le roi. On nous permettra de nous interroger sur les mobiles qui ont pu pousser certains ayants droit de Picasso à vendre le nom de leur père, alors mêm