Le recours répété de la France au principe de précaution, tout
récemment encore pour refuser unilatéralement la levée de l'embargo sur le boeuf britannique, surprend mais aussi interroge. Il traduit un élargissement des arguments et des éléments pris en considération dans ce type de situation au-delà des simples critères techniques élaborés par les experts, fondant la décision sur des registres dont il semble intéressant de tenter de déchiffrer la logique.
En détaillant l'argumentation qui a conduit les pouvoirs publics à décréter la poursuite de l'embargo, on peut voir comment a été déclinée la problématique du risque. La question initiale a été: y a-t-il un risque associé à la levée de l'embargo et, si oui, doit-on ou non prendre ce risque en considération? A cette question, les experts ont proposé un découpage du problème en différentes séquences: un, il ne fait aucun doute que les prions constituent un danger; deux, nous ne sommes pas sûrs que la viande britannique proposée à l'exportation soit exempte de prions; trois, la probabilité d'exposition au risque est supérieure pour la viande anglaise qu'elle ne l'est pour la viande française (respectivement 13 pour un million et 2 pour un million de carcasses); quatre, même pour des quantités infimes de viandes potentiellement contaminées, a-t-on le droit de faire courir un risque que l'on pourrait éviter aux populations?
On sait peu de chose, par ailleurs, sur les réactions des consommateurs face à une mise en garde sur les ris