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Libération
TRIBUNE

Vive le court

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Patrice Leconte est inconscient de la réalité du cinéma.
par Bernard CERF, réalisateur de courts-métrages. et Philippe LEBRET, réalisateur de courts-métrages.
publié le 5 janvier 2000 à 22h07
(mis à jour le 5 janvier 2000 à 22h07)

Nous sommes loin, très loin de la polémique soulevée par Patrice Leconte. Nous ne sommes ni critiques ni réalisateurs de long-métrage puisque nous sommes noyés dans l'océan dit du court. Cela veut dire qu'une équipe travaille gratuitement sur nos films, que nous ne gagnons pas d'argent avec, et que, dans la majorité des cas, ils ne seront pas vus. Pour financer nos films: les subventions du CNC et des régions. Pour être vus: les festivals. Et pour la critique, une seule revue: Bref.

Une vision unique et «culturelle» semble régner dans les commissions d'aides. Hier défini par un nombrilisme parisien, aujourd'hui par un naturalisme provincial, le jeune cinéma d'auteur français n'a-t-il pas été créé par la Femis (1)? Celle-ci enseigne un culte mortifère de la nouvelle vague (sans sa liberté d'expérimentation), en même temps qu'un culte du scénario qui se répercute chez les décideurs institutionnels ne jurant que par lui. Dans l'autre camp, celui des tenants d'un cinéma populaire et commercial, on se plie aussi aux règles de l'écrit, à l'histoire qui doit faire rêver et divertir les gens. Pour nous, un film se fait en dehors de tout atelier d'écriture, en dehors de toute structure narrative imposée et autres règles de climax.

Le court-métrage semble avoir déjà franchi le Styx. C'est un désir de réussite, associé à la peur, qui domine. Absents de toute expérimentation et de toute inventivité, la plupart des courts-métrages se veulent des cartes de visite. Il n'y a aucune lutte, il