Les libéraux français n'ont pas de chance en ce début d'année. Ils
sont moins populaires que jamais sur leur terrain d'élection, celui de l'économie. Ils s'avèrent également beaucoup moins authentiques qu'ils ne le prétendent sur ce qui devrait être leur apanage même, la politique. Déjà minoritaires au sein de la droite, ils traversent ainsi une période bien ingrate.
L'originalité du camp conservateur français, sa différence avec ses homologues de l'Union européenne, c'est justement qu'il apparaît fort peu libéral. Cela va de soi en ce qui concerne l'économie. La tradition française, à droite comme à gauche, a toujours été dirigiste, colbertienne. La «première gauche» mitterrandiste rêvait de nationalisations, d'interventionnisme, de planification et même d'autoritarisme économique. Jean-Pierre Chevènement en fut jadis l'incarnation romantiquement anachronique. A droite, le gaullisme gaullien considérait que l'Etat ne saurait être neutre en matière économique, qu'il devait piloter le vaste secteur public français, mener des politiques ambitieuses de filières nationales (nucléaire, aéronautique, spatiale, etc.), bref commander. Il a fallu attendre le milieu des années 80 pour que le libéralisme économique s'instille lentement de ce côté-là. Edouard Balladur (comme n° 2 du gouvernement Chirac de 1986 à 1988, puis comme Premier ministre de 1993 à 1995) incarne cette métamorphose tranquille. La jeune génération (Sarkozy, Devedjian, Madelin et ses rares lieutenants) donnait même