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TRIBUNE

Le rachat de Time Warner par AOL oblige les thuriféraires de l'Internet à se poser la question de l'effet de ce média sur le pluralisme. De l'Internet des hommes.

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publié le 14 janvier 2000 à 21h58

Pour comprendre l'emprise de l'idéologie technique actuelle, dont

l'Internet est un peu le symbole, il suffit de regarder les commentaires enthousiastes qui entourent le rachat par AOL de Time Warner, première industrie culturelle du monde. Pourtant, les problèmes posés par cette gigantesque concentration industrielle et financière sont considérables. Une telle intégration des supports et des programmes relance la question de plus en plus urgente d'un cadre juridique d'ensemble pour les industries de la communication, y compris l'Internet. Comment un tel empire, gérant des activités aussi différentes, peut-il échapper à une rationalisation qui sera évidemment préjudiciable aux activités les moins rentables? Une telle intégration, reposant sur une logique de puissance, est également très éloignée d'un idéal de valorisation des multiples formes de création et de diffusion culturelles. Enfin, la double maîtrise des réseaux et des programmes repousse encore plus loin les chances du Sud de rattraper le Nord, qui, généreux, lui offre néanmoins des possibilités de se connecter aux réseaux" Du point de vue qui est le mien, celui d'un chercheur, un tel événement permet de souligner trois faits: 1­ Si un tel rachat avait eu lieu par un grand groupe de communication mondial classique, de la presse ou de l'édition, de la radio ou de la télévision, on aurait immédiatement crié à la tyrannie du pouvoir de l'argent et aux menaces pour la démocratie. La vertu serait-elle inhérente aux nouve