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Libération

Margaret et Augusto.

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publié le 14 janvier 2000 à 21h58

Il est 22 h 37, mardi à Paris, lorsque «tombe» l'annonce de la

probable prochaine libération d'Augusto Pinochet (général putschiste, criminel contre l'humanité et sénateur à vie) pour raisons de santé. Du fait du décalage horaire, il est simultanément une heure de moins en Grande-Bretagne, et Margaret Thatcher, la bien surnommée Iron Lady, ne dort pas. Peut-être feuillette-t-elle Erotic Review du mois dernier, qui la place en n° 4 sur la liste des personnalités les plus sexy du millénaire ­ les Anglais sont des gens drôles; peut-être somnole-t-elle au coin d'un faux feu électrique ­ les Anglais sont de drôles de gens ­ en se remémorant le bon vieux temps du 10, Downing Street, et tressaillant du chef lorsque l'effleurent les fantômes de Bobby Sands et de ces dix républicains irlandais, grévistes de la faim, qu'elle laissa mourir au terme de longs mois d'agonie à la prison de Long Kesh, en 1981; peut-être songe-t-elle à ces autres grévistes, mineurs du Yorkshire, que lamina son ultralibéralisme" Est-ce la radio ou la télévision qui la fait soudain sursauter? Est-ce qu'elle rêve? Elle ne rêve pas. Augusto, dont elle apprécia si fort les services tandis qu'elle guerroyait aux Malouines contre l'envahisseur argentin, en 1982, va pouvoir rentrer mourir chez lui. C'est Jack Straw, le pourtant travailliste ministre de l'Intérieur, qui le dit. C'est fiable.

Augusto est un vieil ami, qu'elle a souvent vu, ces derniers mois, dans sa clinique-résidence surveillée. Ils n'étaient pas nombr