Comment dire ça? Je suis content. Seljko Raznatovic, dit Arkan, est
mort, et je suis content. Est-ce que je puis dire froidement: «Arkan a été abattu et je suis content»? Eh bien, oui. Aussi. On voit bien comme sonne dans ce propos quelque chose d'un peu trop intime, irraisonnable et presque indicible, mais tant pis. Je suis content.
Depuis quelque dix ans et plusieurs guerres civiles dans l'ex-Yougoslavie, on a appris à trop bien connaître le chef paramilitaire serbe, ex-voyou, meurtrier psychopathe reconverti affairiste en passant par la case criminel de guerre - criminel contre l'humanité, depuis deux ans inculpé par le Tribunal pénal international de La Haye. Il n'y comparaîtra pas, et, en droit, c'est assurément dommageable. En droit...
Qui l'a tué? Des proches de ses victimes, par vengeance? Peu probable, dit-on; trop difficile... Des pros, alors; mafieux? ou des politiques, afin que le chef des Tigres ne charge pas un jour ses commanditaires, au premier rang desquels Slobodan Milosevic?
Est-ce parce qu'on ne crut jamaisà la parole d'Arkan, qu'on ne croyait guère à sa sanction? Est-ce, par un pervers effet de transfert, la non-extradition de Pinochet qui nous pollue tous les principes moraux auxquels on pensait pourtant si fort souscrire, même à chaud? A son propos, Finkielkraut écrivait samedi dans ces pages que «conclure de l'imprescribilité de certains crimes à l'immobilité du temps, c'est oublier la condition humaine». Et concluait pour sa part que «la logique de cet o