Menu
Libération

Attention, on tire!

Article réservé aux abonnés
publié le 19 janvier 2000 à 21h51

D'ici ­ de cette colonne et de la grande ville ­, la bande à Chasse,

Pêche, Nature et Traditions, on l'a longtemps regardée à la façon dont le citadin regarde la campagne, avec ses attributs pittoresques et bonhommes, sinon familiers: mammifères contemplatifs plantés le long des voies ferrées, mol balancement des végétaux à feuilles et à fruits dans leur verdeur printanière ou leur pourpre automnal, et tous autres clichés publicitaires à base d'accent, de clocher et de camembert, qui feraient de la moustache de José Bové un équivalent rural des seins de Sophie Marceau. On s'y était en quelque sorte habitué. Parfois un peu bruyants, les chasseurs, certes, mais quoi! Autre lobby, autre manif" Un fusil en place d'un crucifix, d'un bulletin de paie ou d'une hache d'incendie, la tour Eiffel en avait vu d'autres. Et voilà que la statistique des accidents de chasse au sanglier nous rappelle qu'un fusil, ça tire et ça tue, cependant que les slogans et les propos des gens de Saint-Josse prenaient ce week-end, à Abbeville, une autre tonalité; dans la perspective des municipales de l'an prochain, voici le temps des ultimatums. La gauloiserie pesamment sexiste vire naturellement poujadiste; elle ne vise plus exclusivement Dominique Voynet, mais tout ce qui ne se pliera pas au diktat du sacro-saint: «C'est février, c'est canardage», et feu à volonté pour qui ne l'aurait pas entendu. La poudre est dans les mots, ce n'est plus tartarinade, c'est tentative d'intimidation.

Mais ce qui fait peu