Il est assez paradoxal de constater qu'une crise politique
intervient dans les organismes paritaires au moment même où la crise financière de l'assurance maladie paraît être résolue, tant au niveau de ses recettes que de ses dépenses. On pourrait donc être tenté de relativiser les conséquences d'un départ du Medef des caisses de Sécurité sociale à l'échéance du 31 décembre 2000, si cette menace annoncée hier finissait par être mise à exécution. Ce scénario est cependant suffisamment crédible pour que l'on s'interroge sur ce qui pourrait advenir en cas de gestion directe par l'Etat.
C'est dans le discours prononcé par Jacques Chirac lors du cinquantenaire de la Sécurité sociale que l'on retrouve les éléments de la crise actuelle. En annonçant que la Sécurité sociale devait devenir universelle, le président de la République mettait, de fait, un terme au système mis en place en 1945.
Désormais, notre ancien système d'inspiration bismarckienne, uniquement financé par les revenus du travail et destiné à couvrir les dépenses des seuls travailleurs cotisants, allait s'ouvrir à tous. Alain Juppé allait, de la manière que chacun sait, «expliciter» la pensée du Président avec les ordonnances d'avril 1996.
Dorénavant, le Parlement voterait chaque année le budget de l'assurance maladie, composé par les cotisations des salariés et des employeurs, auxquelles s'ajouteraient des ressources fiscales et parafiscales. En effet, la couverture maladie étant destinée à être étendue à des catégories s