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Libération

Malentendu.

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publié le 19 janvier 2000 à 21h51

Tout a été dit sur le naufrage du pétrolier Erika, sur la

responsabilité de Total Fina ou sur les licenciements de Michelin. Tour à tour, l'entreprise et le modèle de l'économie libérale ont été mis en accusation. Premier malentendu: nous ne pouvons pas tout demander aux entreprises. Il faut arrêter de perpétuer le mythe de l'entreprise citoyenne. Chacune dispose d'un objet social, circonscrit, qu'elle ne peut juridiquement outrepasser. Son action dans la vie de la cité est bien délimitée: créer de la richesse. Elle respecte naturellement les règles du jeu que lui impose la société, c'est-à-dire le respect du droit du travail, des normes environnementales, des règles de la concurrence, et surtout elle acquitte ses impôts. Dans le cas contraire, comme n'importe quel individu, elle répondra de ses actes. Second malentendu: une société libérale est une société dont la valeur suprême est la liberté. Ce n'est pas une société permissive, où se développerait le dogme du «laissez faire, laissez passer». Au contraire, ce qui la caractérise, c'est la capacité des autorités publiques à faire respecter les règles du jeu pour garantir la liberté de chacun. C'est ce que l'on appelle la régulation.

L'entreprise n'est ni un bouc émissaire responsable de tous les maux, ni une divinité au-dessus des lois. Elle poursuit son objet social, défend ses intérêts et ceux des individus qui la compose. Parce que la collectivité ne la pénalise pas par des contraintes exorbitantes, elle ne la favorise pas