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Libération

Le coup du SDF, par Dior.

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publié le 20 janvier 2000 à 21h49

Dirait-on «tendance», ou dirait-on plutôt symptôme? Les deux. La

«tendance» serait celle que John Galliano, styliste, a mise en scène pour la collection printemps-été de Dior ­rayon haute couture de la boutique LVMH­ en déguisant ses mannequins en SDF. Le symptôme serait que, deux jours après leur défilé, la polémique ne prend pas.

Il a pourtant fait fort, John: accrochées à la taille de ses filles échevelées, sous l'étoffe artistement lacérée, gamelles, tasses, bouteilles et autre quincaille étaient censées identifier l'archétypal SDF, et ­c'est l'AFP qui le dit­ «les invités de la vénérable maison avaient l'air sidéré». Il semble qu'ils furent les seuls: pour identifier l'audace et le succès de l'entreprise, c'est dans les pages «société», et non «mode», que compte aurait dû être rendu de la performance. Elle ne fait même pas débat.

Car tout lasse, et surtout les procédés des marchands, quand, sous couvert de «déconstruire» la vêture, ils prétendent «conceptualiser» l'époque. Mais Galliano vient trop longtemps après Oliviero Toscani ­qui recycla pour Benetton le sida et la guerre­ pour encore émouvoir. Ce ratage de Dior-Galliano (même pas scandaleux!) a certes quelque chose de réjouissant, si on le considère sous l'angle de l'épuisement de certaines pratiques, qui sollicitent la mauvaise conscience pour mieux asseoir une démagogie dont on doute qu'elle soit d'ordre compassionnel. A l'inverse, il faut peut-être s'inquiéter devant cette évidence que ces mêmes pratiques sont à