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TRIBUNE

Plus que la démission des politiques, la philosophie du projet Guigou explique son échec. La réforme de la justice à terre, c'est la faute à Voltaire""

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par Blandine Kriegel
publié le 20 janvier 2000 à 21h50

Comment en est-on arrivé là? Comment la réforme de la justice

espérée par le pays, aspirant en même temps à la liberté et à la responsabilité du pouvoir des juges, vient-elle de freiner pile devant la démission des politiques?

Le justiciable se perd d'abord dans la valse des étiquettes. Hier, gagnante, c'était la réforme Guigou, aujourd'hui, perdante, ce sera la réforme Chirac. Mais souffler n'est pas jouer, et il ne faut pas chipoter. Le garde des Sceaux, Elisabeth Guigou, a mis du temps à reconnaître que ce qu'elle avait longtemps présenté comme «sa» réforme, avait été, ni droite ni gauche, préparée, entre autres, par les travaux de la commission Truche mise en place par le président de la République.

Il n'est guère contestable, en effet, que la réforme de la justice que mettait en oeuvre le train de lois en cours de vote et d'application ­ quatre lois ordinaires, deux lois organiques et la loi constitutionnelle, qui, clou de l'édifice, devait être proposé au vote du Congrès, le 24 janvier 2000 ­ est issue des orientations proposées par la commission Truche. Pour renforcer l'indépendance des magistrats et mettre un terme à la politisation de la justice en évitant le corporatisme des juges, elle avait défini quatre priorités: transformer la procédure pénale en renforçant la présomption d'innocence; supprimer solennellement les instructions particulières et mettre en place une politique transparente et cohérente de l'action publique, dont le programme serait présenté par un rap