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Libération

Des mots de rien.

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publié le 24 janvier 2000 à 21h44

Pour désespérer du politique, il n'y a pas que les emplois fictifs,

les financements occultes, les commissions vicieuses et les promesses envolées ­ de siéger à Strasbourg ou de régulariser les sans-papiers. Il y a tout ça, bien sûr, qui fait ponctuellement «affaire». Mais plus banalement et plus insidieusement néfaste, il y a la crétinerie éclatante du «petit mot», qui décourage l'intelligence du discours public. En florilège cette semaine, celui de Jean-Louis Debré, après que Jospin eut estimé qu'un Congrès est fait pour entériner une réforme constitutionnelle: selon le président du groupe RPR à l'Assemblée, la «thèse» est «trotskiste». Oui, ce mot-là" Introduit voici quelques années par Jean-Pierre Chevènement, qui en voyait partout, le «trotskiste» semble identifier un fantasme de mal absolu ­ sorte de figure néandertalienne du bolchevik dévoreur de petits enfants. Evidemment, et de quelque façon qu'on le prenne, le propos ne veut absolument rien dire.

Citer Debré, c'est un peu facile? Ne croyez pas ça. Si Debré est spécialiste reconnu de l'inanité rhétorique, il n'est pas le seul. Prenez, dans son camp, un Patrick Devedjian que, par une faiblesse insigne (depuis sa prestation lors de la discussion du Pacs, peut-être?), on prit l'habitude d'écouter, nonobstant son appartenance partidaire, sans trop de ricanants a priori. Eh bien! Devedjian aussi a piqué au truc. Parce qu'un ministre (Glavany, de l'Agriculture), citant une chansonnette pas récente de Polnareff, avait qual