En décidant, avec le Premier ministre, de reporter la convocation du
Congrès, le président de la République vient de prendre une décision presque similaire à celle du président Georges Pompidou, ne convoquant pas le Congrès en 1973, de peur de voir sa réforme du quinquennat ne pas recueillir les trois cinquièmes des suffrages exprimés. A même crainte présidentielle, même conséquence.
Aucun des deux chefs d'Etat n'ayant voulu prendre le risque d'être désavoués explicitement, mais subissant malgré tout le désaveu implicite d'une partie de sa majorité (pour Georges Pompidou), de toute sa majorité" ou de toute son opposition (pour Jacques Chirac). Peu dramatique le 10 septembre 1973 où le prétexte de la guerre du Kippour avait été mis en avant, le deuxième report est beaucoup plus ennuyeux politiquement pour Jacques Chirac: au présidentialisme majoritaire des temps pompidoliens vient de succéder la République de la cohabitation. Pour la première fois dans l'histoire de la Ve République, le Président ne peut plus compter sur ses propres troupes parlementaires et se voit donc doublement contesté (par la gauche logiquement; par la droite curieusement), au point d'être de plus en plus seul dans la mêlée politique. Au point d'être un candidat libre et sans parti, loin d'être à la prochaine présidentielle à l'abri d'une pluralité de candidatures émanant de son camp.
Maître du calendrier politique, Jacques Chirac peut prononcer une nouvelle dissolution de l'Assemblée; il peut aussi décid