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Libération

Pinochet, ça vient?

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publié le 26 janvier 2000 à 21h40

Déjà deux semaines que le ministre britannique de l'Intérieur Jack

Straw s'est déclaré «enclin» à faire libérer Augusto Pinochet pour raisons de santé. Deux semaines qu'un avion chilien attend, quelque part aux Bermudes, de prendre livraison du vieux dictateur pour le ramener à Santiago, en application d'une décision formellement acquise. Et deux semaines que le temps est suspendu, qui laisse le géronte dans cette situation pour encore quelques jours flottante et lui-même flottant entre deux eaux, au gré des courants du droit, de la morale et de la diplomatie. Toutes exigences qu'il faudrait bien harmoniser, et plus vite que cela, pour que le sursaut, l'espoir, le rêve de justice que signifia enfin l'hypothèse de son extradibilité, ne se délitent pas dans un compromis bâtard qui les réduirait à néant. Même si «l'Histoire a jugé», après quinze mois de procédures multiples, la recevabilité d'ultimes requêtes, sous prétexte de la soulager, ravive la plaie faite aux droits de l'homme. Il ne s'agit plus, pour Jack Straw, que de verrouiller une décision qui n'est plus guère susceptible de recours. Trop vieux, trop gâteux ou trop malade, Pinochet, pour que son procès soit équitable? Avalons ça, puisque la loi le dit. Mais s'il existe une chance, même infime, pour que se poursuive la mobilisation afin que se tienne au Chili un procès auquel on ne croit plus guère, il faut, Jack Straw, remettre Pinochet dans le circuit. Il faut nous rendre cet objet criminel qui nous appartient pour