Une vague de violences secoue les collèges depuis la rentrée des vacances, et même si l'effet de souffle ne vaut pas encore tempête nationale, faut-il vraiment se montrer surpris? L'affaire n'est pas nouvelle, puisqu'elle traverse, avec sa météorologie toute particulière, les cieux agités de l'école et des urbaines périphéries depuis au moins dix ans. Comme une semonce, mais d'abord comme un miroir. Car, ce que les violences nous donnent à voir, n'est-ce pas en premier lieu le visage d'une société en crise d'elle-même et de son école? La violence scolaire est au coeur de la crise de l'éducation, de la sensible aggravation des inégalités scolaires, avec en toile de fond le récitatif de la fracture sociale. Et au carrefour de cette crise s'affrontent les inquiétudes, les peurs et les déplorations. Désarrois d'enseignants qui se sentent ou sont effectivement agressés, meurtris et de plus en plus dépassés par les événements, qui ne comprennent pas pourquoi leurs élèves refusent l'école et les apprentissages. Désespoir et «rage» de jeunes, le plus souvent issus de milieux en grande difficulté sociale, qui ne trouvent pas l'écoute ou le «respect», comme ils disent , pas plus que du sens à apprendre dans une école qui semble les vouer à l'échec, antichambre de leur exclusion sociale pressentie.
La question de la violence à l'école est sans doute plus complexe qu'il y paraît, si l'on veut bien l'examiner hors du prisme de la peur des bien-pensants et des déplorations. Comprendre l