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TRIBUNE

Aujourd'hui, trois géants contrôlent 85% du marché du disque en France. On ne peut pas laisser faire sans réagir. La concentration tue la création

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par Patrick ZELNIK
publié le 1er février 2000 à 22h30

Le monde économique se concentre dans tous les secteurs d'activité.

Alors que dans certains domaines cela peut être un avantage pour le consommateur, dans la mesure où cela lui permet d'acquérir des produits à un moindre coût, dans d'autres, la concentration restreint les choix, tue la diversité et limite l'expression. C'est particulièrement le cas dans la vaste industrie de l'entertainment ­ terme (américain) consacré qui désigne toutes les industries de contenus, du pur divertissement à ce que nous appelons en France les industries culturelles. Jusqu'où peut-on accepter que la structure et les modèles économiques de ces industries dictent nos choix en matière de culture? Ainsi, alors que la création musicale n'a jamais été aussi riche en France ­ et les étrangers le reconnaissent volontiers puisque jamais nos artistes ne se sont si bien exportés ­ il n'a jamais été aussi difficile pour la musique d'être exposée au plus grand nombre, dans toute sa diversité.

Examinons simplement la concentration, au niveau de la production discographique. Au cours de ces quinze dernières années, la plupart des grandes maisons de disques indépendantes, tant françaises (Barclay, Vogue, Erato") qu'étrangères (Island, Motown, Chrysalis, A & M") ont été absorbées par les multinationales qui contrôlent aujourd'hui 75 % du marché mondial et 90 % du marché français. Qui s'est inquiété de voir notre patrimoine, les chansons de Brassens, Léo Ferré, Barbara ou Brel, etc., racheté l'an dernier par un gro