Danse et théâtre, arts frères ou frères ennemis? Les rapports entre
l'un et l'autre sont au centre de l'actualité culturelle en France. La danse contemporaine bouscule les institutions en revendiquant une place à part entière mais des résistances à cet art nouveau se font jour, notamment autour de la question de la création d'un théâtre (national?) pour la danse à Paris, et de l'avenir de Chaillot qui devra, selon la volonté du ministère de la Culture, se partager entre danse et théâtre.
Tous les directeurs de théâtres et de «scènes nationales» souffrent du cloisonnement des publics entre le théâtre et la danse, de l'énorme difficulté à tendre des passerelles pour que les esprits s'ouvrent et que se créent des parcours de traverses, formateurs de conscience, d'imaginaire et de nouvelles perceptions de ce monde. Tous militent dans ce sens. Et pourtant l'opposition théâtre-danse est très vive. Les arguments anciens se parent d'habits neufs. Tout ce qui est théâtre ne serait pas danse, et tout ce qui est danse ne serait pas théâtre: le théâtre donnerait du sens au monde, à l'histoire, à la société. La danse serait donc ce qui reste quand on a ôté le théâtre: le divertissant et le décoratif.
Ainsi une époque comme la nôtre qui connaîtrait le déclin des grands récits de l'émancipation et donc du sens préférerait s'adonner à la danse comme elle s'adonne à l'hédonisme de la consommation. Ce débat se nourrit de la vieille opposition entre la pensée et le corps et véhicule des points de