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Libération
TRIBUNE

La résistible ascension de Haider.

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publié le 4 février 2000 à 22h26

En avril 1995, le cinquantième anniversaire de la fin du régime nazi

en Autriche donna lieu à un prodigieux rassemblement sur la place Helden dans le centre de Vienne. Sous le balcon depuis lequel Adolphe Hitler harangua jadis la foule rugissante de ses fidèles, des artistes autrichiens, des intellectuels, des politiciens, mais également nombre de leurs amis et alliés venus d'ailleurs, s'étaient réunis pour célébrer la chute d'Hitler et purger pour ainsi dire cette place historique de son alliance avec le Mal.

Cette nuit-là, j'eus le privilège de compter parmi les orateurs, et il m'apparut clairement que le véritable propos de cette manifestation était de permettre à la «bonne Autriche» ­ ce groupe substantiel d'électeurs viscéralement opposés à Haider et dont, bizarrement, l'on entend si peu parler au-delà des frontières ­ de prendre enfin corps et de propager sa voix. C'est d'ailleurs ainsi que les partisans de Jörg Haider, entendirent l'événement qui fut rapidement la cible de toutes leurs dérisions d'extrême droite. Puis, il se mit malheureusement à pleuvoir.

Ce fut une pluie dense, sans trêve, implacable. Une pluie néonazie, absolutiste, intolérante, bien déterminée à se frayer un chemin. Les organisateurs de la soirée ne cachaient pas leur inquiétude. Une assistance trop clairsemée ferait la joie des pro-Haider, et risquerait de retourner ni plus ni moins la situation à leur avantage. Une semaine plus tard, tout le monde aurait certes oublié le mauvais temps, mais l'image