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Libération
TRIBUNE

Beuveries, tabassages""à Beauvais.

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publié le 9 février 2000 à 22h21

Pendant trois ans, jusqu'à la fin 1997, le directeur de la maison

d'arrêt de Beauvais a tyrannisé les détenus comme les surveillants. A la tête d'une petite bande de six gardiens ­ ses amis ­, il organisait des beuveries et des tabassages, insultait et harcelait les prisonniers et le personnel pénitentiaire. Dans la prison, tout le monde se tait. Mais en décembre 1997, devant le tribunal correctionnel de Beauvais, des détenus comparaissent, pour en avoir agressé d'autres. Ils assurent «être couverts par le directeur». Une inspection des services pénitentiaires est déclenchée au printemps suivant. Son rapport est terrible: «Les détenus d'origine étrangère sont nommés par les termes de "bougnoules, "gris, "négros, "primates.» Le mot d'ordre pour se rendre au quartier des femmes est: «Venez, on va se faire sucer!» On leur demande de montrer leurs seins et on les appelle: «salopes, putains, pouffiasses». Il est fréquent que le directeur s'enferme seul avec l'une d'elles. La violence est monnaie courante. Le directeur incite ses agents à frapper: «Il n'y a qu'à mettre une bonne branlée aux détenus qui posent problème.» Ou à ceux qui se plaignent. Les insultes et les humiliations pleuvent aussi sur les surveillants qui ne font pas partie de la garde rapprochée du directeur. Deux surveillantes sont forcées de se déshabiller, et leurs seins sont marqués de tampons par le directeur et sa bande. Des surveillants sont ridiculisés devant leurs collègues et les détenus. Durant trois ans