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Libération
TRIBUNE

Il y aura d'autres tempêtes et d'autres naufrages, pas plus évitables que celui du pétrolier maltais. La seule façon de limiter les dégâts est de renforcer la prévention.Inventaire des bobards sur l'«Erika».

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par Hervé HAMON
publié le 14 février 2000 à 22h16

La mer n'existe pas. La plage existe, ornée d'une ceinture bleue,

les goélands existent, l'Ambre solaire existe, la saison touristique existe, l'huître du Nouvel an existe, la fleur de sel des paludiers existe. Mais le large n'existe pas, les marins n'existent pas, ni les cargos, ni les méthaniers, ni les docks, ni les terminaux. Tout cela ne se remet à exister, en France, le plus vaste territoire côtier d'Europe, où le gouvernement n'a pas même songé à se doter d'un ministère de la Mer, tout cela, donc, ne se remet à exister que si une rupture de tôles abîme soudain la plage, les goélands, la saison touristique, l'huître du Nouvel an et l'exquise fleur de sel.

Pas étonnant, dans ce pays qui tourne le dos à ses rivages, que la catastrophe de l'Erika nourrisse les riches heures du café du Commerce. Soudain, entre kir et pastis, les experts de comptoir nous expliquent la manoeuvre tandis qu'à Nantes, des milliers de manifestants crient à bon droit leur noir dégoût.

Essayons de faire le point, calmement. Et l'inventaire des bobards qui ont, ces derniers temps, alimenté la chronique.

Rien n'aurait-il changé depuis vingt ans? Et serions-nous, comme naguère, à la merci d'une avarie de barre sur un tanker géant devant Portsall? Faux. Depuis vingt ans, depuis l'Amoco Cadiz, une politique de prévention a été conduite. Qui plus est, elle a traversé les alternances et démontré son efficacité. La preuve: pendant vingt ans, il ne s'est rien passé, ce qui est le but du jeu. L'extension et l