Il serait dommage que le témoignage du docteur Vasseur sur la maison
d'arrêt de la Santé reste un épisode médiatique sans lendemain. Toutefois, ne soyons pas naïfs. La prison, avec ses contraintes inéluctables, concentre nombre de personnes à pathologies lourdes et les problèmes que l'on y rencontre ne peuvent se résoudre magiquement même en y consacrant d'importants moyens. Par-delà la simple dénonciation, il faut savoir ce que notre société est prête à faire pour que des améliorations réelles soient apportées. Là aussi, l'histoire se répète, car les débats sur la prison sont cycliques, mais elle nous apprend que les véritables changements n'interviennent que lorsque les politiques, souvent poussés par les intellectuels, décident de s'investir sur cette question.
Au XVIIIe siècle, le philanthrope anglais John Howard, après avoir fait le tour des prisons d'Europe, dénonçait les ravages des maladies essentiellement le typhus, «la terrible fièvre des prisons» chez les prisonniers. Après le premier Empire, le mouvement hygiéniste se développa chez les médecins parmi lesquels Villermé dont la première étude, en 1820, portait sur les conditions de vie des détenus. Tout au long du XIXe, l'important courant d'idées autour de la société générale des prisons aboutit à une mission d'enquête parlementaire présidée par le vicomte d'Haussonville en 1873, puis à la loi réformant les prisons départementales, présentée par René Berenger (qui introduisit quelques années plus tard la libér