Sans doute, l'opinion qui s'exprime ici, se penchant sur le cliché
lauréat du World Press Photo 2000, est-elle très fort marquée du sceau de la subjectivité. On fera cependant avec, tant en matière de goûts et de noir et blanc, tout un chacun est fondé à apprécier le travail primé de Claus-Bjoern Larsen, tel que reproduit dans Libération des 12/13 février. Autant alors le dire tout net: on voit mal ce qui distingue cette image plan moyen d'un réfugié kosovar, front et nez momifiés de pansements de beaucoup d'autres. Rien de remarquable dans la composition ni rien de véritablement dramatique (on ne le déplore pas); juste un visage, à peine un regard, d'une intense sobriété.
D'année en année, le World Press ressemble de plus en plus au Nobel de la paix, dans ce qu'il prétend identifier, en termes de bien et de mal, de «valeurs» universelles censées fonder une «communauté internationale» (éternelle fonction de compassion et de modélisation que Christian Caujolle avait mise en évidence dans ces pages dès 1986, constatant alors que «le volcan colombien bat d'une larme le tremblement de terre de Mexico»). S'il n'est donc pas surprenant que le Kosovo s'impose à nouveau (comme en leurs temps les guerres du Golfe, de Bosnie, du Rwanda, etc.), il est remarquable que son martyrologe s'illustre si discrètement, à l'exact opposé du dolorisme très esthétique de la «madone» algérienne de 1997. Comme si photographe et jury avaient perçu que le tragique peine désormais à se représenter e