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Libération

Un truc qui ne va pas.

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publié le 16 février 2000 à 22h48

Il y a quelque chose qui ne va pas. C'est peut-être ce mot de

«cagnotte» qui catalyse et cristallise le malaise: ce spectaculaire décalage entre les chiffres et les chiffres. Soit, d'un côté, les indices et statistiques économiques de l'un des pays les plus riches du monde (Eh oui! C'est nous"), et, de l'autre, ceux de la réalité sociale. La Bourse qui, de semaine en semaine, poursuit son vertigineux trekking et le chômage qui dégringole ­ pas autant que l'autre monte, mais quand même ­, la réduction de la dette, puis, dans le même flash ou sur la page d'à côté, la grande misère carcérale, hospitalière et éducative. Dans le même plan, quelques mômes qui «pèsent» les milliasses de dollars ou d'euros de la nouvelle économie, et des taulards résignés, des profs désespérés, des infirmières épuisées et des étudiants faméliques. Vient là-dessus une «cagnotte» de quelques dizaines de milliards de francs ­ un pactole, quasiment, générateur de force glose. On peut en diviser le montant par le nombre de contribuables ­ divers crétins ont fait ça sur diverses ondes ­, c'est ludique et ça fait (maigrement) rêver. On peut aussi suggérer de réduire, voire supprimer la taxe d'habitation, cet impôt inégalitaire et, paraît-il, le plus partagé. Là, problème. Dans l'euphorie croissante de la croissance, la magie du terme «cagnotte» disperse d'un coup d'un seul tous ceux que la taxe d'habitation préoccupe peu, puisqu'ils n'ont pas de toit, et la météo fait le reste: le redoux ne génère que des