Malgré les mises en garde de l'Europe et des Etats-Unis, l'extrême
droite autrichienne siège au gouvernement de l'une des quinze nations qui forment l'Union européenne. L'éloge de la politique de l'emploi hitlérienne fait-elle de Haider un néo-nazi? L'avenir le dira. Mais si chacun, à sa place, doit faire preuve de pédagogie à l'égard de l'histoire, il est alors utile de faire droit à cette idée commune selon laquelle Hitler aurait mené une «bonne» politique de l'emploi.
Mesuré à l'aune du seul taux de chômage, le succès nazi a, de fait, été époustouflant. D'un pic de 5 millions de chômeurs en 1932, l'Allemagne nazie n'en compte plus que 400 000 en 1938. Par comparaison, aux Etats-Unis où le taux de chômage a pourtant baissé de moitié entre ces deux dates, il reste à un niveau extrêmement élevé en 1938, de plus de 14%. Ce n'est qu'avec la Seconde Guerre mondiale que le chômage américain retrouvera les niveaux antérieurs à la crise. C'est de cette comparaison en apparence indiscutable que vient l'idée selon laquelle la politique hitlérienne de l'emploi aurait été un succès. Les apparences sont pourtant trompeuses. Les historiens qui se sont penchés sur la question sont beaucoup plus sceptiques. Nous suivrons ici l'une des références en la matière, le livre de R.J. Overy, The Nazi Economic Recovery: 1932-38 (Cambridge University Press).
Reprenons à l'origine. La coalition rassemblée par les nazis est formée de petits artisans et de paysans menacés par l'industrialisation. Dès so