Menu
Libération
TRIBUNE

Au nom de quels principes condamner, boycotter l'Autriche, quand on laisse assassiner les populations civiles en Tchétchénie? Poutine, Haider: où est l'horreur?

Article réservé aux abonnés
par Jacques GENEREUX
publié le 22 février 2000 à 22h40

Jörg Haider est un odieux personnage. Il racole dans les bas-fonds

de l'antisémitisme, n'hésite pas à vanter les mérites des politiques économiques hitlériennes, et ose même tenir des propos insultants pour le président de la République française. Infréquentable, vraiment. Rien de tout cela chez Vladimir Poutine. Quand on dispose, à sa guise, de la deuxième armée du monde, on peut se permettre d'être poli. Et c'est bien poliment que Poutine commandite le massacre du peuple tchétchène. Eût-il osé tenir des propos racistes à l'encontre des Tchétchènes, et une immense clameur mondiale d'indignation l'aurait peut-être contraint à présenter des excuses. Mais Vladimir Poutine ne dérape pas, lui. Son armée viole, assassine, torture. Pourquoi? La sécurité de la Russie est-elle menacée? Les richesses de la République tchétchène sont-elles vitales pour l'économie russe? Evidemment non. La raison de cette ignoble tuerie est bien plus sérieuse. C'est qu'une bonne victoire militaire, totale et sans rémission possible pour les vaincus, était un ingrédient nécessaire à la popularité d'un candidat à l'élection présidentielle. Les propos odieux d'un Haider ne font-ils pas pâle figure face à cette horreur politique absolue qui fait de l'assassinat, du viol et de la torture le prix ordinaire des bulletins de vote? Un viol, une voix; un meurtre deux voix! A partir de quel tarif l'indignation des ministres européens vaudra à Poutine le quart des vexations qu'ils imposent aujourd'hui à leurs homol