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Libération
Critique

Livres. Revel moque les intellectuels qui peinent à faire leur deuil de l'«utopie socialiste». Discutable. L'étrange survie du communisme. Jean-François Revel, «la Grande Parade, essai sur la survie de l'utopie socialiste», Plon, 343 pp., 129 F.

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publié le 22 février 2000 à 22h40

Jean-François Revel est-il un Don Quichotte poursuivant de sa

vindicte un communisme disparu? On le croirait à voir l'académicien consacrer plus de trois cents pages à la «vigoureuse contre-offensive des politiques et des intellectuels de l'ancienne gauche» qui aurait marqué «l'ultime décennie du vingtième siècle». La «pensée unique» est toujours celle de l'autre. Il n'en reste pas moins surprenant de lire que l'idéologie dominante, en cette fin de millénaire, serait «celle des ennemis du libéralisme». Ou que «la réhabilitation du marxisme-léninisme coule en abondance». Les amateurs de perles se délecteront encore en découvrant François Hollande carrément accusé de se comporter «en héritier du modèle culturel soviétique».

La Grande Parade pose pourtant de vraies questions. L'auteur d'une admirable autobiographie, le Voleur dans la maison vide, nous livre un propos dont l'acidité polémique ne saurait masquer la pertinence, fille d'une rare liberté de l'esprit. Dix ans après la chute du mur de Berlin, observe-t-il, le communisme, entendu dans son principe utopique, fait preuve d'une étonnante «rémanence idéologique». Appuyée par une kyrielle de faits et d'anecdotes, la thèse de Revel est forte si l'on prend soin d'en limiter le champ de validité et de la délester d'un systématisme un peu pesant.

Le problème soulevé est d'abord celui d'une gauche non communiste qui a encore du mal à regarder en face la «vérité profonde» ­ et tragique ­ du communisme. Avec cruauté, mais non sans ju