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Libération
Critique

Les tribus de la gauche de la gauche.

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Livres. Deux analyses du renouveau des groupes radicaux depuis les mouvements sociaux de 1995.
publié le 24 février 2000 à 22h37
(mis à jour le 24 février 2000 à 22h37)

L'extrême gauche a changé de visage. Bien sûr, elle se réclame toujours du vieux Léon Trotski pour les uns, d'un marxisme-léninisme originel pour les autres et pour d'autres encore des principes libertaires. Mais les bréviaires d'hier ne dressent plus des barrières insurmontables entre les différents groupuscules, propices à toutes les querelles de chapelle.

Depuis les mouvements sociaux de l'hiver 1995, date emblématique, la gauche radicale s'est refait une nouvelle jeunesse et apparaît désormais sur la scène politique française comme la «gauche de la gauche», qui traduit un positionnement sur l'échiquier politique ou encore comme la «gauche de gauche», selon l'expression du sociologue professeur au collège de France, Pierre Bourdieu. Une manière pour elle de signifier que face à un parti socialiste viré social-démocrate et à un parti communiste en proie à la mutation déclenchée par son secrétaire général, Robert Hue, cette frange, rescapée des années 70, est la seule «vraie gauche», celle qui porte le label AOC.

C'est cette tribu disparate que tente d'explorer Denis Pingaud, l'un des responsables de l'organisation humanitaire Médecins sans frontières, dans un petit livre, la Gauche de la gauche. Une tribu qui se caractérise plus aujourd'hui par ses modes d'action et les nouvelles revendications qu'elle porte que par ses appartenances doctrinales. Denis Pingaud répertorie avec justesse les groupes où s'ébrouent ces militants, pas tous nés de la dernière pluie. La gauche de la